samedi 19 avril 2008

Un oiseau m'a dit

Il est parfois difficile d’aborder frontalement sa progéniture. Les parents libanais utilisent alors une ruse que je trouve empreinte d’une ironique poésie. Ils disent : « Un oiseau m’a dit ….que tu n’avais pas fini tes devoirs, que tu t’étais gavé de fistiks (cacahouettes) avant le repas, que tu avais séché les cours, etc. ». L’oiseau sert ainsi le subterfuge idéal pour préserver l’honneur de petiot et l’autorité de l’adulte.
Le père de mon amie Julia n’a pas encore réalisé que sa fille avait la trentaine bien sonnée. Pour lui glisser un reproche ou une question, il feinte lui aussi, remplaçant l’oiseau de service par le marc de café.
A la fin du déjeuner, observant d’un air pénétré le fond de la tasse de sa fille préférée, il assène avec assurance : « Je vois dans le marc de café que tu n’es toujours pas payé de ton salaire de prof à l’université libanaise, que tu as pris sept kilos et ne te nourris pas convenablement, que tu ne viens pas nous voir assez souvent, que tu sors avec cet enfoiré de Jamil alors que Fadi t’attend depuis si longtemps, etc. »
Un procédé tout à fait adaptée à ce pays où l'essentiel est de ne jamais perdre la face.

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