samedi 15 mars 2008

Souk à Saïda

Je traîne ma tristesse dans le souk de Saïda. L’odeur de pain chaud se mêle à celle du café moulu. Des poulets décapités pendent à des crochets de fer. Les rougets, gueule ouverte, me fixent de leur yeux vitreux. Plus loin, les alignements sages de chaussettes succèdent aux piles de soutiens gorges couleurs pastels, taille 95D.
Deux femmes négocient leurs foulards : mordoré avec de fines dentelles pour la mère, en nylon rouge vif pour la fille.
Sur la route asphaltée, au milieu des voitures surgit soudain un cavalier au galop, créant un joyeux bordel dans la circulation déjà congestionnée.
A Saïda, l'ex-Premier ministre Rafic Hariri veille du haut d'immenses affiches. Photos en pieds, portrait en solo ou avec son fils, le miliardaire sunnite est partout. L'arôme vanillé des patisseries m'écoeurent. Je quitte le centre pour la mer. La digue est longue, le vent glacé et le soleil agressif. Un bataillon de mouettes au garde-à-vous tournent le dos aux flots émeraudes. Les oiseaux attendent je ne sais quoi. Moi aussi j’attends.
J'attends que le vent apaise mes remous intérieurs. Je t'attends...

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