mercredi 13 février 2008

Le chat du centre ville

Le crépuscule a envahi les arcades du centre-ville écrasé par la mosquée sunnite Mohammed el Amin. Avec ses 65 mètres de haut et ses quatre dômes, elle brille de tous ses feux (c’est bien le moins vu qu’elle a coûté 20 millions de dollars). Plus que jamais ce quartier ripoliné « à l’ancienne » ressemble à un décor de théâtre abandonné. Trop propre, trop froid, trop vide. Il reste le symbole de l’affairisme des années de reconstruction. A l’époque, beaucoup de familles expulsées par l’opérateur unique Solidere ne furent pas relogées ou très mal. Demain pourtant, le centre-ville sera submergé par la foule puisqu’il servira de scène à la grande manifestation commémorant l’assassinat de Rafic Hariri. A chaque entrée, on se heurte à des chicanes, des barricades et des soldats qui jettent un regard distrait sur votre sac. Jusqu’en 2005, la jeunesse dorée venait dîner dans les restaurants branchés du quartier et les moins nantis déambulaient en matant les jolies filles. Mais depuis trois ans, les partis de l'opposition ont planté leur tente en centre-ville et bloqué le secteur. Les commerces de luxe ont fermé leurs portes ou se sont exilés les uns après les autres. Aujourd’hui, seul un chat trottine sur le trottoir. Je le vois s’arrêter, hésiter et pisser serein sur une colonne. Enfin un peu de vie dans cet espace aseptisé !

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