mardi 2 octobre 2007

Le chemin de Damas

La Mercedes poussiéreuse s’ébranle avec cinq passagers à bord. Les freins me semblent approximatifs mais une croix pendouille sur le tableau de bord, alors… Cahin-caha, le taxi collectif grimpe les flancs du Mont Liban puis s’arrête à Chtaura. Chacun troque ses livres libanaises contre des livres syriennes. Des enfants en haillons mendient à la sortie de du bureau de change. Les passagers jeûnent alors on oublie la pause café d’usage. Au poste frontière, coiffés de leurs calots blancs en tricot, en chemise et pantalon noir (charwal), quelques druzes patientent. Avec cette morgue caractéristique des officiels syriens, le douanier tamponne mon visa avant de s’attaquer à une pile de passeports irakiens. Peu après les sacs sont fouillés à la surprise des passagers : « la politique, la politique », s’exclame bougon le chauffeur. La Mercedes aborde la descente vers Damas. Sur chaque lampadaire le long de la route est accroché le portrait du président Bachar Al Assad. Une tête bizarrement rectangulaire au bout d’un cou très long. Des yeux tristes, il a pas choisi son destin, son frère Bassel devait en principe hériter de la présidence mais le chouchou du père s’est tué dans un accident de la route. Alors c’est Bachar, dentiste à Londres qui a pris les rênes de la Syrie, pour le meilleur et pour le pire, surtout pour le pire. Plus loin sur le chemin de Damas, la figure du père Hafez Al Assad apparaît comme s’il surveillait le rejeton sans charisme qui lui a succédé en 2000. Damas est alanguie. La faute au Ramadan et à la chaleur qui avoisine les 40 °. A la gare routière, les passagers groguis, se déplient douloureusement pour sortir de la Mercedes. La voiture fume, exténuée. Le chauffeur remercie Allah et moi je remercie le chauffeur.

Aucun commentaire: