vendredi 5 octobre 2007

A l'heure de l'Iftar

Le ciel s’est couvert. Un immense nuage noir filtre les ultimes rayons du soleil. En cette fin d'après midi, la lumière automnale dore les minarets de la mosquée des Omeyyades. Le long de ses murs séculaires, le petit peuple patiente. Un repas gratuit est distribué pour l’iftar. Impatients, titillés par la faim, des jeunes insultent les policiers, renversent les barricades avant de fuir en cavalcades bruyantes. Les esprits s’échauffent vite et les matraques sortent de leurs étuis. L’air est électrique. L’orage éclate. Enfin, l’appel à la prière résonne en écho dans la ville. L’iftar est servi. C’est fête.

Dans le souk, j’achète du qamar el-din, (la lune de la religion) une pâte d’abricot que l’on dilue dans l’eau, une boite de cédrats confits et du café … Parfumé à la cardamome, il exhale une odeur si forte dans mon sac à dos qu’en déambulant j’ai l’impression que tout Damas sirote son ptit noir. Chez un marchand j’ai déniché un monopoly damascène, la rue la plus chère porte le nom d’aboulroumané, artère chic de la ville. Mais le jeu date un peu. Aujourd’hui, pour acheter une maison,il faut casser la tirelire. Les loyers se sont envolés à cause de l’immigration massive des Irakiens. Les réfugiés seraient plus d’un million. Le gouvernement tente de réagir en initiant de nouvelles lois pour limiter l’acquisition de maisons par les étrangers. Réputés pour leur hospitalité, les Syriens commencent à rouspéter contre cet afflux de population qui entraînerait une insécurité inédite, de la mendicité et de la prostitution infantile. Les Irakiens réfugiés en Syrie connaîtront-ils le même sort que les Palestiniens d’hier au Liban ? Quoiqu’il en soit, cette guerre d’Irak est féconde en casse-tête futurs ! Pour revenir à mon monopoly, on y trouve comme chez nous la case : « Aller en prison ». Et je n’ai pas besoin de lire les rapports d’Amnesty International pour savoir qu’en Syrie plus encore qu’ailleurs il vaut mieux éviter le cachot où torture et mauvais traitements sont des pratiques courantes voire systématiques.

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