vendredi 5 octobre 2007

Soufisme ou salsa, même combat

Je rends visite à Ibn Arabi, enfin au tombeau de ce célèbre soufi, né en Andalousie en 1165 et mort à Damas en 1240. Sa tombe côtoie le mausolée du résistant algérien Abd el-Kader que les Français avait exilé en Syrie et dont la dépouille fut ramenée en Algérie après l'Indépendance. Pour parvenir à ces hauts lieux de la mystique musulmane il faut physiquement prendre de la hauteur et grimper les flancs du quartier Sheikh Mouhieddin. Dans la mosquée éponyme, c’est l’heure de la prière. L’imam houspille avec humour les jeunes affalés sur les tapis épais. En pierre blanche, recouvert d’une étoffe verte, le tombeau d’Ibn Arabi est enserré de grilles que les fidèles embrassent avec ferveur. L’imam est un petit bonhomme speedé. Ses yeux vifs bougent sans cesse et ses lèvres semblent façonnées pour sourire. Il se propose de me présenter deux étrangers convertis au soufisme. Nous voilà partis à travers le souk, moi enveloppée dans un grand manteau noir dans lequel je m’empêtre en trottinant derrière la silhouette évanescente de l’imam. « Il est préférable que vous me suiviez 10 mètres à l’arrière », a-t-il précisé avant que nous nous engagions dans la ruelle bondée. Je crains le cours de catéchisme mais je rencontre deux charmants Canadiens, l’un psychiatre et l’autre zoologiste, férus de poésie et fin connaisseur d’Ibn Arabi. Je retiens de nos échanges que le mystique se défie de la philosophie pure et que l’intellect ne permet pas à lui seul d’accéder à la Voie. Bref, il faut effectuer une sorte de lâcher prise cérébral. « Comme la salsa », ai-je renchérit dans un élan enthousiaste. Un peu surpris, mes deux soufis ont ri, quant à l’imam, depuis longtemps il s’était endormi.

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